Clara Luciani est artiste importante dans la chanson française, qui a construit son succès progressivement (passant de sa participation au collectif La femme à une émancipation individuelle en assurant la première partie de chanteurs comme Raphaël ou Benjamin Biolay), avec cette sincérité touchante qui la caractérise. Elle est très spontanée, ne semble pas dans le calcul, mais, inscrite dans l’écosystème médiatique, elle est capable d’assurer des shows dans des salles énormes. Couronnée de plusieurs Victoires de la musique, elle a apporté une forme de fraicheur dans la chanson francophone, en reprenant en quelque sorte le flambeau des artistes féministes assumées comme Françoise Hardy (à qui elle ressemble physiquement un peu) ou Véronique Sanson, et en assurant de nombreuses collaborations (avec notamment Nekfeu, Calogéro, Thomas Dutronc, Alex Beaupain ou le québécois Pierre Lapointe sur le magnifique « Qu’est-ce qu’on y peut » en 2019). Et comme souvent pour des artistes de talent qui émergent, elle a été sollicitée par le cinéma et pour des émissions de télévision en vue (marraine de la Star Academy pendant la saison 2024).
« La grenade » (2018) : la chanson de la révélation, très bel hymne féministe à la mélodie imparable, à l’énonciation assumée d’une voix féminine qui interpelle un homme singulier qui est en fait universel, et qui a surpris un peu tout le monde à sa sortie, elle en premier, à peu près au moment de l’émergence de metoo.

